L’Alliance Marocaine pour le Climat et le Développement Durable

Rencontre avec les responsables du Can international et Can arabe et IMAL sur la finance climat et la collaboration avec l’AMCDD

« Assoir les bases d’un nouveau système financier mondial solidaire, juste et durable, aligné à l’objectif global des émissions Net Zéro d’ici 2050 et de lutte contre la perte de la biodiversité. »

 

Après trois années de crises successives, financières, socio-économiques, climatiques, écologiques, de  catastrophes naturelles .les organisations de la société environnementale marocaine  qui ont participés aux différentes rencontres et ateliers organisés,  par l’Alliance Marocaine pour le Climat et le Développement Durable (AMCDD), en préparation aux Assemblées Annuelles (AA) du Fonds Monétaire International (FMI)  et de la Banque Mondiale(BM), prévu du 9 au 15 octobre 2023 à Marrakech, ont élaborés une feuille de route, qui exprime la position commune de la société civile environnementale marocaine et ses partenaires nationaux,  africains et internationaux, leurs préoccupations et les solutions qu’ils proposent, pour une réforme sérieuse de la finance mondiale,  capable de mettre le monde sur la trajectoire d’un développement durable résilient aux changements climatiques sur la base d’une prospérité́ partagée et équitable.

A l’issue de leurs travaux, les représentants des principaux réseaux et organisations associatives nationales, participants au dernier atelier national préparatif,  organisé par l’AMCDD avec l’appui de la Fondation Friedrich Ebert Stiftung FES Maroc, les 23 et 24 Septembre 2023 à Marrakech, ont adopté, à la veille de la tenue des AA de la BM et du FMI, la Déclaration suivante :

Convaincus que :


  • a tenue des AA de la FMI BM dans un pays africain, représente une opportunité historique, pour une réforme du système et modèle financier mondial, capable de guérir les blessures et cicatrices profondes d’un continent, qui n’a jamais bénéficié du soutien qu’il lui fallait pour :
  • Affronter ses retards inacceptables en matière d’éducation, de santé, pauvreté,
  • Subvenir à ses besoins de transformations de la démographie, l’urbanisation, d’électrification, d’industrialisation
  • Lutter contre les changement climatique…
  • L’intérêt porté par les puissances mondiales pour l’Afrique continu d’être un simple intérêt à ses ressources, son foncier agricole, son bois, sa jeunesse. Son potentiel minier et ses énergies propres, capable de décarboner le monde, Tout cela se fait  en lui refusant le juste prix de ses ressources, et ses besoins en transfert de technologie de financement au-delà des chiffres ridicules de  0.7% du PIB d’aide au développement  par les pays riches, et des 100 milliards de l’accord de Paris, avec un non-respect des engagements qui coute et coutera cher à tous les habitants de cette planète.
  • Dans un système financier juste et justifié.  Le niveau des moyens de développement, financier,  scientifique, technique et technologique mondial actuel,  dépasse largement les besoins réels pour assurer une vie digne à  tous les terriens,  tout en  garantissant une gestion durable des ressources et des écosystèmes vitaux.
  • Le modèle de développement de finances mondiales est  mal orienté, faisant que   1% des plus riches de la planète possèdent près de la moitié des richesses mondiales, que 26 des personnes les plus fortunées au monde détiennent autant d’argent que la moitié la plus pauvre de l’humanité (Oxfam). Ce modèle est en partie la cause de la situation critique, que vit la planète et l’humanité, fracture des sociétés (société  hautement inégalitaire, pauvretés.), ébullition climatique, accélération de  l’exploitation irraisonnée des ressources et des écosystèmes vitaux et de la 6ème grande extinction  de biodiversité.
  • La viabilité de la planète terre, des communautés, des individus  ainsi que la vitalité des écosystèmes et des ressources, ne doivent  être séparées ou dissociées des équilibres socio-économiques et financiers, car ils constituent un système interdépendant et indivisible.
  • En dépit des efforts et des évolutions positives du rôle de la finance mondiale, le FMI et la BM , et leurs effets sur les  finances nationales  et locales , elle reste sont très loin d’une part, des besoins énormes générés par la transformation des économies nationales et internationales et d’autre part,  elle ne permet pas d’entreprendre des réformes structurelles profondes susceptibles d’avoir un impact sur les communautés de base et les territoires, avec leurs précieuses ressources telles que l’eau et la biodiversité.
  • S’il y’a  eu écoute et véritables efforts pour la concrétisation des décisions, recommandations  et déclarations des nombreux congrès et Accords internationaux (Accord de Paris, de Montréal , des agendas (ODD 2030, )), on n’aura   pas encore les mêmes résultats d’une  politique financière et de développement, ne parvenant pas à stopper les  finances nuisibles et toxiques  sur le plan social et écologique
  • La transition financière, écologique et socio-économique, dans ce petit village terre,  ne peut être juste et durable, que si la transition de développement ne laisse  personnes en marge. 
  • Le monde change et les africain.e.s refusent toute réforme partielle, inefficace et inéquitable du modèle financier ancien, qui nous a rendu esclaves technologiquement socialement et économiquement . Un modèle qui a  maintenu  nos pays sous contrôle, et incapable de tirer profit du poids lourd de certaines monnaies du nord.   Pour pouvoir  dépasser le modèle ancien, il faut couper avec  les mauvaises décisions d’ajustements qui ont  été imposées auparavant par les grandes banques, par des économies de libre marché aux détriments du développement des populations, des États, et ressources naturelles.  Le  refus porte également sur  toute utilisation des marchés, actions carbone, barrières douanières sans accompagnement fort des pays africains pour que les citoyen.e.s les plus vulnérables et surtout les jeunes et les femmes ne payent plus le prix.

Déçus que :


  • Le financement des systèmes libéraux de  compétitivité aveugle de court terme  avec des choix et modèles économiques, plaçant toute la planète et l’humanité  dans les conditions de  l’ébullition climatiques,  en ignorant  les solutions durables climato-compatibles et des solutions de génie écologique fondées sur la nature. Ce  financement  continu de générer plus d’inégalités humaines, de pollution, dégradation de l’environnement, de perte irréversible de la biodiversité, avec tous les effets sur la sécurité hydrique, alimentaire, sanitaire, et au deçà des capacités d’adaptation et de résilience des populations et territoires aux catastrophes humaines, naturelles et climatique qu’ils génèrent ou accélèrent.
  • Le retard de la transition  des États et des banques nationales et mondiales, retarde la sortie d’une finance classique insoutenable et climatique sélective, à une finance durable appliquée à tous les secteurs et  les projets, tout en essayant de dépasser rapidement  le fait que chaque communauté internationale défini la  taxonomie verte de la finance mondiale  d’une manière différente et hétérogène.
  • La faiblesse des financement des programmes des droits des enfants et de protections des femmes dans les pays pauvres, nécessaire pour une meilleure santé de population, et pour équilibrer la démographie continentale et mondiale.
  • La réticence et la non-transparence des pays développés en  ce qui concerne la finance climat ;
  • les approches, principes et conditions d’octroi de prêts, des dettes aux pays de sud, dette en investissements ,et subventions, basés sur un mode de calcul de risque Industriels financiers et politiques, qui n’intègre pas les autres Co-bénéfices Sociaux Climatiques.

Profondément préoccupés par :


  • La poursuite des finances toxiques pour la biodiversité, et qui ne lient pas le droit au développement, aux droits de l’Hommes et de l’ensembles des espèces vivantes sur terre.
  • De la poursuite de financement des économies de libre marché ouvert, qui créent la prospérité d’une minorité grands états, multinationales, et riches  aux détriments de la majorité de la population, des PME , des ressources, des jeunesses.
  • La politique de mobilité et de migration injuste, encourageant à moindre prix le déplacement de tout type  de ressources minières, naturelles et intellectuelles des pays du sud vers le nord. Cette  mobilité est ouverte à tous les citoyens des pays riches, tout en dressant un mur des visas, et de limitation de la migration climatique, sans mettre les moyens et mécanismes  nécessaires pour le développement des pays du sud.
  • L’insuffisance et les limites rapides des finances  dédiées et mobilisées pour respecter les engagements mondiaux des ODD.. et celles de gestion des crises, des fonds des pertes et dommages, des assurances, en ces temps d’ébullition climatique, et de celles moins couteuses de prévention des crises.
  • Les limites engendrées par le mode de Gouvernance des finances locales, nationales et internationales, et leurs interactions, incapables de réaliser les objectifs ultimes d’impact sur l’Homme et le territoire ( ses écosystèmes et ressources), et des limites des indicateurs de transparence d’évaluation et du rendre compte.
  • Le manque d’écoute responsable, de transparence et de participation des acteurs non étatiques (société civile, scientifique et médiatique), qui a facilité une gouvernance non participative et des prises de décisions financières injustes et injustifiés.


Nous sommes actuellement dans un moment décisif qui présente une opportunité exceptionnelle pour une réforme en profondeur concernant les défis et les menaces auxquels la planète, ses ressources, l’humanité et ses équilibres font face. La société civile encourage les décideurs financiers à l’échelle mondiale et nationale à prendre les mesures suivantes :

  • Amorcer la transformation de la finance mondiale (des banques multilatérales de développement, à leur tête la BM et le FMI), pour l’aligner avec les objectifs des 3 agendas mondiaux pour un développement résilient aux changements climatiques et une prospérité́ partagée et équitable   
  • Rendre 100 % climato-compatible, tous les financements engagés par les banques multilatérales de développement (BM), conduit par le FMI et la BM, afin de revenir sur la trajectoire de 2 degrés d’ici 2100.
  • Orienter les financements pour une transformation mondiale profonde du paradigme et de  modèle de développement  actuel suicidaire, pour soutenir un net  ZERO pour l’ensemble des économies mondiales à l’Horizon 2040 ;
  • Revoir le modèle des aides au pays de sud, modèle de Brandy  de surendettement, reconvertir  la dette contre le climat, en  projets climato-compatibles et de s’aligner avec les exigences les agendas africains et mondiaux de développement et avec développement des mécanismes d’obligations au développement
  • Rendre les prêts  accessibles et viables, en considérant en premier lieu  la vie des populations locales, avec des taux préférentiels et des taux acceptables, par les gouvernements et le secteur privé
  • Augmenter le Financement  en Afrique et en Asie des programmes des  droits de protection des femmes et des droits des enfants pour une meilleure santé des femmes et de population et qui va équilibrer la démographie qui a dépassé 8 milliards d’humains, pour un équilibre durable entre les espèces vivantes et les ressources (le jour des dépassements ne fait que se réduire) et type de consommation durable  ne pas dire que la cause des problèmes c’est démographie des pauvres.
  • Mettre fin à la politique d’Austérité, dette politique de privatisation sauvage, de surconsommation et de gaspillage pays développés, mode de vie excédentaire en  carbone
  • Rendre systématique dans tout projet financé au niveau mondial, national ou territorial, la participation effective de la société civile et scientifique, en allouant un pourcentage du budget du projet pour leurs actions de communication, mobilisation, implication des citoyens et communautés, évaluation et animation de débats territoriaux, nationaux internationaux.
  • Renforcer les mécanismes de financement d’adaptation et la résilience préventive, avec  mise en place d’assurances souveraines contre les risques climatiques portés par les institutions financières nationales et mondiales.
  • Renforcer le rôle des acteurs scientifiques et associatifs et médiatiques, dans les concertations et les prises décisions financières au niveau territorial, national et mondial  pour une meilleure gouvernance financière participative, transparente, et une réforme capable d’assurer des transitions justes qui ne laisse personne en marge pour être  durable.
  • Allouer les financements nécessaires pour la mise en place de mécanismes continus de débat ouvert, constructif, entre différents acteurs étatiques et non étatiques, experts et Cadres des responsables financiers au niveau mondial, national et territorial, tout en essayant de se rattraper sur la procédure de ces assemblées annuelles qui  réduit au minimum les possibilités d’échanges entre acteurs de la société civile  environnementale marocaine représentative et les cadres du FMI et de la BM
  • Prendre des décisions fortes pour accompagner l’Afrique, (financement du transfert technologique, innovation,) qui a la capacité de décarboner le monde, et détient les ressources et la  jeunesse, éléments indispensables pour toute prospérité et durabilité, au lieu de lui préparer des barrières de toute sorte (douanières, taxe carbone, gouvernance et politique monétique injuste.), sans financements climatiques viable et accompagnement efficace au préalable
  • Faire de cette réforme des finances mondiales, un premier élément de succès des sommets mondiaux pour le climat, la biodiversité, la sécurité hydrique, sanitaire, alimentaire et en premier lieu celui des Emirates Arabe Unies COP 28 en novembre prochain.