On savait que les plus hauts sommets de notre planète étaient souillés depuis plusieurs années par de nombreux déchets provenant principalement des touristes et amateurs d’exploits à l’autre bout du monde. Mais les scientifiques viennent de découvrir que des microplastiques y sont aussi présents.
Les déchets plastiques et les microplastiques sont devenus une véritable pollution planétaire : on en retrouve dans tous les milieux, dans nos aliments, notre eau dite potable, et pour la première fois, à une altitude jusqu’à 8 440 mètres (le « balcon »), dans le massif de l’Himalaya, sur le Mont Everest !
Une équipe de chercheurs a prélevé des échantillons (dans la neige, dans l’eau des rivières) sur la montagne et dans la vallée en contrebas, en avril et mai 2019, dans le cadre de l’expédition Perpetual Planet Everest de National Geographic et de Rolex, puis ils les ont analysés dans des laboratoires spécialisés à l’Université de Plymouth (Grande-Bretagne).
Les résultats montrent que les quantités les plus importantes (jusqu’à 79 fibres microplastiques par litre de neige) ont été retrouvées au camp de base (à 5 273 mètres), là où les expéditions se préparent pour gravir le sommet. Cependant, des microplastiques ont également été décelés aux camps 1 et 2 sur la voie d’escalade (12 fibres microplastiques par litre de neige) depuis le balcon à 8 440 mètres d’altitude.
Au niveau de leur composition, ces microplastiques sont principalement des fibres de polyester, acrylique, nylon et polypropylène, autrement dit des fibres textiles synthétiques qui sont beaucoup utilisées pour fabriquer les vêtements d’extérieur haute performance couramment utilisés par les grimpeurs, ainsi que pour fabriquer les tentes et les cordes d’escalade qui servent pour gravir ce sommet mythique.
Ces déchets microplastiques proviennent donc sans doute de la fragmentation de fibres issues du matériel des expéditions menées pour tenter d’escalader le Mont Everest. Mais ces microplastiques auraient pu également être transportés depuis des altitudes plus basses par les vents extrêmes qui soufflent le long des pentes de la montagne.
Le Chercheur et explorateur du National Geographic, le Dr Imogen Napper, auteur principal de l’étude, a déclaré : « Au cours des dernières années, nous avons découvert des microplastiques dans des échantillons prélevés partout sur la planète – de l’Arctique à nos rivières et aux eaux profondes. Dans cet esprit, trouver des microplastiques près du sommet du mont Everest est un rappel opportun que nous devons faire plus pour protéger notre environnement.«
« La nécessité d’agir est désormais reconnue dans le monde entier, le Népal lui-même a imposé des règlements sur les expéditions d’escalade pour tenter de réduire les problèmes environnementaux créés par les déchets. Cette étude et nos recherches continues uniquement souligne l’importance de concevoir des matériaux qui présentent les avantages des plastiques sans héritage durable et nocif.« , souligne le professeur Richard Thompson OBE FRS, chef de l’unité internationale de recherche sur les déchets marins.
Cette recherche, publiée dans One Earth, a été menée par des chercheurs de l’Unité internationale de recherche sur les déchets marins de l’Université de Plymouth, en collaboration avec des collègues du Royaume-Uni, des États-Unis et du Népal. Il a été soutenu par la National Geographic Society et Rolex.